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Fédération
des associations d'environnement
COMMUNIQUE DE PRESSE,
Namur, le 9 février 2001
Le
jugement du tribunal de Liège sur Bierset confirme " l'insoutenable
légèreté " de la politique aéroportuaire
wallonne
Ce
matin, avait lieu à Liège la lecture du jugement opposant
les riverains de l'aéroport de Liège-Bierset à la
Région wallonne, la S.A.B. et T.N.T. principalement.
Des
choix de société
Inter-Environnement Wallonie se réjouit de certains aspects de
ce jugement. Ainsi, dès le préambule, la Présidente
du Tribunal de première instance de Liège s'interroge sur
" la question de savoir s'il est nécessaire au bien être
social de favoriser une société de l'hyper consommation,
dans laquelle les besoins - voire les simples souhaits - doivent être
satisfaits dans les plus brefs délais, où les distances
doivent être abolies, où l'heure et les saisons n'ont plus
cours ". Et d'ajouter, " le Tribunal a du mal à croire
les parties défenderesses (la Région wallonne, la S.A.B.
et T.N.T.) lorsqu'elles plaident que les vols de nuit sont indispensables,
inévitables. Que l'on sache, les régions qui ont adopté
une attitude de refus devant de telles nuisances ne sont pas coupées
du reste du monde. Le courrier et les colis y arrivent, les produits exotiques
ne sont pas absents du marchés ". Certes, elle rappelle aussitôt
que ce sont des éléments qui relèvent de l'appréciation
d'opportunité politique dans laquelle le Tribunal ne peut s'immiscer.
Mais la prise en considération de ces éléments ont
le mérite de remettre en cause notre société du "
just in time ".
Le
bruit des avions : une atteinte aux droits de l'Homme
La Présidente du Tribunal de Liège confirme que la Région
wallonne et la S.A.B. ont commis une faute en violant l'article 8 de la
Convention européenne des droits de l'homme (droit au respect de
la vie privée et familiale, droit au respect du domicile). Ainsi,
la Région wallonne et la SAB auraient du, selon le Tribunal, prendre
dès 1998 des mesures visant à établir un juste équilibre
entre les intérêt des riverains et du développement
de l'aéroport. Or, jusqu'à présent, les autorités
publiques n'ont pris que des mesures insuffisantes en faveur des riverains.
Ce ne sont en fait que des emplâtres sur une jambe de bois. Et voilà,
maintenant la Région wallonne et la SAB condamnées à
payer des indemnités aux riverains qui vont se chiffrer à
plusieurs centaines de millions.

Le
transport aérien n'est décidément pas un secteur
durable
A côté des centaines de millions déboursés
par le Gouvernement wallon pour des investissements fonciers et d'infrastructures,
pour les compensations déjà prévues pour le rachat
et l'isolation des maisons, la Région va devoir trouver de nouveaux
millions pour indemniser les riverains de leurs dommages subis depuis
1998. Et tout cela avec l'argent des contribuables wallons ! Si la Région
wallonne avait été plus prudente dès le départ,
elle aurait pu édicter des normes générales de bruit
et de sécurité, imposer à TNT d'utiliser des avions
moins bruyants, voire même interdire les vols de nuit
Mais
voilà la Région s'est elle-même " condamnée
" en signant une convention avec TNT lui octroyant des avantages
plantureux. Pire, elle continue sa fuite en avant en poursuivant des objectifs
pharaoniques de développement du trafic aéroportuaire et
routier qui l'entraîneront dans toujours plus de dépenses
compensatoires, et toujours plus de conflits.
La
décision du tribunal de Liège néglige l'impact environnemental
et la prévention des
nuisances
Inter-Environnement Wallonie regrette enfin certains termes du jugement
et la philosophie qui s'en dégage. D'une part, la Présidente
du Tribunal de Liège ne reconnaît pas l'effet direct de certaines
dispositions de notre droit comme l'article 23 de la Constitution par
exemple qui consacre le droit à un environnement sain et le droit
à la protection de la santé. Or le Président du Tribunal
de Namur, Christian Panier, reconnaissait cet effet direct en juillet
dernier lors de l'action en référé introduite conjointement
par les riverains de l'aéroport de Bierset et Inter-
Environnement Wallonie.
D'autre part, en octroyant des indemnités aux riverains, la Présidente
du Tribunal de Liège entre dans une logique d'indemnisations individuelles,
au lieu de donner priorité à la prévention des nuisances
et au souci à plus long terme de la protection de l'environnement,
et donc de l'intérêt collectif.
En conclusion, Inter-Environnement Wallonie interpelle à nouveau
la Région wallonne pour qu'elle réoriente sa politique de
développement aéroportuaire vers une régulation du
trafic, la suppression des vols de nuit, et des exigences de qualité
environnementale, ainsi que par rapport aux émissions de CO2.
Concrètement, nous exprimons notre inquiétude quant aux
accords conclus avec ADP (Roissy). Constituent-ils un nouvel engagement
dont les conséquences environnementales ne sont pas mesurées
? La création de la SOWAER est-elle une façon d'endetter
la Région pour faire face aux dépenses d'indemnisation et
d'infrastructures ?
Inter-Environnement Wallonie suivra attentivement la discussion sur les
projets de décrets actuellement soumis au Parlement wallon, en
contestant e.a. les seuils de bruit tolérés autour des aéroports.
Enfin, nous attendons toujours l'intégration des aéroports
dans le système du permis d'environnement et l'imposition d'une
étude d'incidences sur l'environnement pour toute extension aéroportuaire.
La fédération a aussi l'intention d'agir au niveau européen
à l'occasion de la Présidence belge de l'Union Européenne
pour obtenir la suppression des vols de nuit et la suppression des avantages
fiscaux dont bénéficie le trafic aérien. Pour plus
de renseignements, contactez Thérèse Snoy ou Stéphanie
Scailquin à Inter- Environnement Wallonie, 081/25.52.80.

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